Des études américaines se penchent sur le taux de réussite des franchisés

Pendant des décennies, les franchiseurs américains ont répété à l’envi que « le taux de réussite des franchisés était de 95% ». Toute une série d’études (dont celles de 1994 et 2002 évoquées ci-dessous) ont conduit le président de l’International Franchise Association, en 2005, à déclarer que ce taux était « trompeur » et à inciter les franchiseurs à ne plus utiliser cet argument dans leur communication.

En France, les franchiseurs ont un slogan similaire prétendant que « le taux de réussite en franchise est de 80% ». Le problème est que ce pourcentage n’a jamais été ni établi ni vérifié.

1994 : les jeunes entreprises franchisées ont un taux de défaillance supérieur à celui des jeunes entreprises indépendantes
L’une des premières études réalisées pour mesurer le taux de réussite des entreprises franchisées aux Etats-Unis établit «  (…) que les jeunes entreprises indépendantes sont significativement plus rentables que les entreprises franchisées. En d’autres termes, les personnes qui, pour se mettre à leur compte, créent leur entreprise en franchise échouent plus souvent et gagnent moins d’argent que celles qui se lancent en indépendant. »
Cette étude a été menée par Timothy Bates, professeur d’économie de la WAYNE STATE UNIVERSITY, et diffusée en Mai 1994.
Consulter l’étude (en anglais)
Consulter une traduction partielle de l’étude (en français)

2. 2002 : difficultés de remboursement

2002 : Les entreprises franchisées échouent plus souvent à rembourser leurs emprunts que les entreprises indépendantes
C’est l’un des constats de l’étude (dont le titre français pourrait être « Non remboursement des prêts franchisés : l’expérience de la SBA ») réalisée et publiée en septembre 2002 par un service interne à la Small Business Administration, agence fédérale qui a notamment pour rôle de garantir les prêts accordés aux entreprises.
Le rapporteur écrit en particulier : « Compte tenu des publications contradictoires déjà parues et des résultats de la présente étude, on peut affirmer que les franchisés ne réussissent pas systématiquement beaucoup mieux que les entrepreneurs indépendants. En tant que source d’informations reconnue, la SBA a le devoir de ne pas entretenir à tort les faux espoirs des futurs entrepreneurs et d’influencer la décision des prêteurs. »
Une des explications avancées dans l’étude pour expliquer ce constat est que « (…) pour pouvoir baisser ses coûts en faisant jouer l’effet d’échelle, un franchiseur doit recruter suffisamment de franchisés pour atteindre une taille critique. Ainsi, les franchiseurs sont incités à encourager un maximum d’entrepreneurs à devenir franchisés, y compris ceux qui, compte tenu de leur profil, ne devraient pas être retenus.»
Consulter l’étude (en anglais)
Consulter une traduction de la synthèse de l’étude (en français)

3. 2007 : taux de radiation supérieur

2007 : Le taux moyen de radiation des prêts franchisés est supérieur au taux moyen de radiation des prêts accordés à l’ensemble des entreprises (franchisées et indépendantes)
C’est l’un des enseignements tirés de l’étude commandée par l’International Franchise Association à la société FRANDATA. Cette étude a été publiée en septembre 2007.
Elle constate en particulier : « Sur la période 2001-2006, les données montrent que le taux moyen de radiation de prêts SBA accordés à l’ensemble des entreprises d’un même secteur d’activité s’établit à 5,9 % et que le taux moyen de radiation de prêts SBA accordés aux seules entreprises franchisées du même secteur d’activité est de 6,5%. »
Consulter l’étude (en anglais)
Sur simple demande votre part, nous vous enverrons par mail la traduction de l’étude FRANDATA.

4. Conclusion

Les résultats de ces études vont à l’encontre de l’opinion commune et des idées que véhiculent les franchiseurs et la grande majorité des média. Ils ont été établis aux Etats-Unis et tout porte à croire qu’ils sont aussi valables en France. On pourra retenir de ces études que :
–    dans les bons réseaux, la majorité des franchisés réussissent bien ;
–    dans les mauvais réseaux, la majorité des franchisés investissent à perte ;
–    en moyenne, tous réseaux confondus, les franchisés ne réussissent pas mieux que les entrepreneurs indépendants.
Il est important de garder à l’esprit que les publicités, les discours, les articles de presse et les communiqués, aussi attrayants soient-ils, cachent parfois des réseaux de franchise extrêmement délabrés.

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