Halte aux idées fausses sur la franchise

Il existe sur la franchise plusieurs idées fausses. Ces idées fausses sont dangereuses car elles contribuent à abaisser le niveau de vigilance des futurs franchisés. Dans une étude intitulée “The Economics of Franchising”(*) (Les aspects économiques de la franchise), Roger D. Blair et Francine Lafontaine, deux éminents professeurs d’économie, ont consacré le chapitre 2 à « Quatre idées fausses largement répandues sur la franchise ». Cette étude concernait le marché américain mais ses conclusions sont tout à fait transposables en France.

Les auteurs de THE ECONOMICS OF FRANCHISING introduisent leur propos de la manière suivante :
« Beaucoup d’idées fausses circulent sur la franchise aux États-Unis comme à l’étranger. De notre point de vue, ces idées fausses sont dues au fait que les gens les diffusent sans les analyser, sans y réfléchir vraiment, sans les critiquer, en se fiant à leurs seules impressions. Dans ce chapitre, nous nous sommes penchés sur quatre de ces idées fausses. En synthétisant les renseignements dont nous disposions, nous espérons détromper le lecteur sur ces idées fausses en l’incitant à avoir une approche plus pragmatique de la franchise. »
Voilà leur conclusion au sujet de chacune des idées fausses qu’ils dénoncent.

1ère idée fausse : la franchise s’est développée à un rythme très élevé aux Etats-Unis pendant plusieurs décennies
« La franchise joue clairement un rôle important dans l’économie américaine et s’avère être un moyen très efficace de se lancer  dans  les affaires. Les ventes réalisées dans des magasins franchisés représentent plus de 13 % du PIB américain. Étant donné l’importance économique de la franchise, il est essentiel d’avoir une évaluation réaliste de son développement et de la sécurité qu’elle offre. Les données indiquent que la franchise croît au mieux, au même rythme que l’ensemble de l’économie. Ce qui est en complète contradiction avec les déclarations exagérées que l’on retrouvait dans la presse spécialisée tout au long des années 80 et des années 90. »

2ème idée fausse : se lancer en franchise est beaucoup plus sûr que de créer son entreprise en solo
« Les statistiques vont aussi à l’encontre du discours de la presse spécialisée et de la perception générale relatifs à la sécurité financière qui est associée à l’investissement en franchise.
Investir en franchise s’avère n’être pas plus sûr que d’investir dans d’autres nouvelles activités : les taux de défaillance(**), aussi bien des franchiseurs que des franchisés, sont très semblables à ceux des entreprises indépendantes. Ce qui implique que l’opportunité d’investir en franchise s’analyse et s’étudie exactement de la même manière que si l’on voulait investir dans n’importe quel autre type d’affaire. »

3ème idée fausse : la plupart des réseaux de franchise sont de gros réseaux dont l’importance garantit une forte notoriété et un savoir-faire éprouvé
« (…) Nous avons montré que les réseaux de franchise sont en grande majorité de petite taille et comptent moins de cinquante unités. Un futur franchisé recherche avant tout l’assistance d’un franchiseur possédant un concept éprouvé et une marque reconnue, les principaux avantages associés généralement à la création d’entreprise en franchise. Le fait est, que nos données montrent que la plupart des réseaux de franchise sont trop petits pour pouvoir offrir ces avantages. Les franchisés qui investissent dans des petits réseaux doivent investir avec l’espoir que le réseau grossira et se développera. Cela représente un investissement relativement risqué qui doit être reconnu comme tel. »

4ème idée fausse : les franchisés sont de petits entrepreneurs
« Les franchisés ne sont pas tous propriétaires d’une seule unité franchisée. Plusieurs multi-franchisés possèdent et exploitent de nombreuses unités dans le même réseau et même dans différents réseaux. Et nombre d’entre eux sont plus importants que la plupart des réseaux de franchise.»

(*) Publié en 2005 aux éditions Cambridge University Press
(**)Le taux de défaillance mesure le nombre de prêts non intégralement remboursés par les entreprises qui ont souscrit des emprunts.

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